{ Test pour Stacy Torres*

Le bruit des verres qui tintaient, les murmures autour de nous et les rires discrets comme plus osés. Ce genre d’ambiance m’avait toujours mise mal à l’aise, car d’une certaine manière, ce n’était que le pâle reflet d’un faux semblant que je vivais. Je laissais mes yeux divaguer sur les personnes qui étaient assises aux tables minutieusement décorées ; hommes et femmes avaient revêtu leurs plus beaux vêtements, pour être à la hauteur du restaurant où ils dînaient et surtout pour plaire à ceux qui les accompagnaient. Je n’échappais pas à la règle bien évidemment, serrée dans une robe noire qui dévoilait certaines parcelles de peau pour suggérer ce qui se cachait en dessous. Jonathan m’avait amené ici, et je me sentais à la fois excitée et pitoyable car le leurre que je m’évertuais à entretenir finirait bien par s’écrouler un de ces jours. La lueur vacillante des chandelles attira mon attention et je sentis le contact de la main de Jonathan contre la mienne, ce qui m’arracha un frémissement imperceptible. Je plongeais mes yeux dans les siens, avec toute la comédie dont je savais faire preuve et lui offrit un large sourire. Il était charmant, et il m’avait offerte cette soirée, ce qui me rendait si mal à l’aise, car au lieu d’être tombée sur quelqu’un d’un minimum désinvolte, je devais arnaquer un homme passionné et attentionné.

J’aime penser que lui aussi joue un jeu. Cela me rassure sur ce que je suis en train de faire. Combien de fois me suis-je faite roulée par la gent masculine ? Ils savent très bien jouer la comédie eux aussi – il ne faut pas croire que seules les femmes profitent de leur charme et de leur manipulation intempestive. Je posais mon coude sur la table, appuyant mon menton contre ma main d’un air pensif et j’observais les traits du visage de Jonathan. Son sourire, ses yeux malicieux ; il m’attirait irrémédiablement. Foutus scrupules ! Je détestais ressentir cela. Je voulais tellement savoir faire preuve d’indifférence et de ce froid impitoyable qui caractérisait bon nombre de femmes, mais je sentais mon ventre se nouer lorsque je constatais chaque jour les attentions de mon compagnon. Quel double jeu dangereux. J’allais finir par payer, j’en étais certaine.

Jonathan m’extirpa de mes pensées en murmurant mon prénom. Je haussai un sourcil interrogateur, puis esquissai un sourire des plus sincères à l’égard de ‘mon adoré’. Je remis en place une mèche de cheveux qui s’était égarée dans mon cou puis je daignais prendre la parole.


« Merci pour cette soirée… C’est vraiment fantastique ! » Lâchai-je comme époustouflée.